Raoul Barré | Les travaux inachevés

Une sélection des oeuvres inachevées de Raoul Barré

La fin de sa vie

En 1927, après avoir passé environ deux ans dans les studios de Pat Sullivan à New York, Raoul Barré revient vivre à Montréal. Malgré des problèmes de santé, il sera extrêmement prolifique durant cette période.Bien que la peinture soit alors sa principale occupation, Barré n’a pas abandonné le cinéma pour autant. En effet, il fonde une école où il enseigne les rudiments de l’animation. Cette institution aurait d’ailleurs servi (on a peu de détails sur cette école) à produire un court métrage dont Barré aurait été le réalisateur : Microbus 1er. Malheureusement, Barré décède en 1932 et ne pourra pas le compléter. Le film aurait alterné séquences de prises de vues réelles et d’animation, rappelant le style de sa série Animated Grouch Chasers, réalisée en 1915. Microbus 1er racontait l’histoire d’un homme qui, à la suite d’ennuis de santé, consultait un médecin. On y voyait ensuite des personnages animés représentant les microbes qui vivaient dans le corps du malade. On pourrait voir dans ce projet un aspect autobiographique puisque Barré, tout comme le patient dans Microbus 1er, rencontrait à ce moment-là de nombreux problèmes de santé. La lutte entre les microbes et le patient pourraient ainsi représenter sa lutte contre le cancer duquel il a succombé. Microbus 1er, s’il avait été complété, aurait été le premier film d’animation québécois.

Une autre idée l’a également beaucoup occupé dans les dernières années de sa vie : l’utilisation du cinéma à des fins pédagogiques. En entrevue au journal Le Devoir en 1930, Raoul Barré expliquait qu’une expérience avait été faite à New York prouvant la valeur de l’enseignement par du contenu animé. Il ajoutait qu’il était « […] inévitable que le cinéma éducateur pénètre un jour ou l’autre chez nous [au Québec]. Si nous ne voulons pas nous trouver alors devant un fait accompli auquel il sera pour nous trop tard de remédier, ou tout au moins d’apporter un correctif, prenons les devants [1]».

Barré avait ainsi pour projet de s’associer avec des universitaires pour produire des films vulgarisant différents sujets. On sait qu’il avait communiqué avec le Frère Marie-Victorin[2] et que ce dernier s’était montré très intéressé par ses idées. On peut supposer que Barré n’ait pas su trouver de source de financement pour concrétiser le projet, ou encore qu’il n’ait pas pu obtenir le support nécessaire auprès des institutions gouvernementales pour l’aider à concrétiser sa vision.

Sans l’ombre d’un doute, Barré était un visionnaire. Malheureusement, la société québécoise, déjà bien ancrée dans des valeurs traditionnelles dérivées de la religion catholique, n’a pas su voir immédiatement le potentiel du cinéma d’animation, et les institutions dédiées à ce genre de productions étaient inexistantes à l’époque: l’Office national du film du Canada ne fut fondé qu’en 1941[3] et le studio d’animation de Radio-Canada, en 1968. Quoi qu’il en soit, les projets inachevés de Barré témoignent de son esprit indéniablement avant-gardiste puisque, quelques décennies plus tard, tout ce qu’il avait annoncé s’est vu réalisé.


[1] Dr. Frédéric Pelletier, « Le Film éducationnel : Une conversation avec un technicien du cinéma » dans Le Devoir, 6 décembre 1930, p. 2.

[2] Frère Marie-Victorin, « Lettre à Raoul Barré », 17 janvier 1930.

[3] L’Office national du film du Canada ne déménagea au Québec qu’en 1956.

John Harbour - À propos de Raoul Barré
John Harbour

John Harbour

John Harbour est doctorant en littérature et arts de la scène et de l’écran à l’Université Laval. Ses recherches portent sur l’artiste multidisciplinaire québécois Raoul Barré, les interactions entre le cinéma d’animation et la bande dessinée ainsi que sur les cinéastes pionniers et pionnières. En plus d’être collaborateur pour la revue Séquences, John Harbour est aussi cinéaste d’animation dont les films furent sélectionnés dans plusieurs festivals internationaux (Fantasia, Sommets du cinéma d’animation, Festival international du cinéma francophone en Acadie, LINOLEUM d’Ukraine).


MICROBUS

Microbus 1er est le roi des légions de microbes. Dirigeant impérissable des générations successives de microbes. Les calamités survenant à ses sujets de l’atteignent pas et il en sort toujours indemne. Comme le Noé de l’histoire, il est choisi pour sauver les races de microbes. Il commande et dirige les guerres de ses sujets, déjoue par son astuce les plans de ses ennemis et par son ingéniosité échappe toujours à la capture ou à la destruction. Microbus 1er est le roi de la gaité et le l’optimisme.

Un texte de Raoul Barré

Première page du scénario original. Vous pouvez y accéder en format PDF en cliquant sur le bouton ci-dessous.

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Frère marie-victorin

Lettre du frère Marie-Victorin
Lettre du frère Marie-Victorin

eusèbe

Selon Marco de Blois, programmateur-conservateur  du Cinéma d’animation  à la Cinémathèque québécoise,  Eusèbe serait vraisemblablement une ébauche pour une bande dessinée n’ayant jamais été réalisée.

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