Au grenier
Les inclassables à propos de la vie et l’œuvre de Raoul Barré
Au grenier
«Au grenier », c’est le nom que j’ai donné à cet espace sur le site internet et voici ma définition :
« Grenier » : Étage supérieur d’une maison qui sert en général de salle de débarras.
L’accrochage du tableau de Madame Roy
« Il était malheureusement temps de me départir de madame Roy. »
Il s’agit de photos réalisées le 10 octobre 2019, à l’occasion d’une petite réception intime qui a eu lieu à l’occasion de l’accrochage du tableau intitulé tout simplement par ma mère, Marguerite Barré Fauteux, « Madame Roy ».
Ma mère en avait fait l’acquisition au début des années 70. J’ai eu le bonheur d’hériter de ce magnifique tableau suite à son décès, en 1985.
Ayant dû m’en défaire des années plus tard, par manque d’espace dans la foulée d’un déménagement, il me semblait important que ce tableau serve à mieux faire connaître l’artiste polyvalent qu’était Barré. Il me fallait donc trouver une vitrine connue et non pas le salon d’un bienveillant collectionneur d’art. Comme les principaux musées du Québec, le Musée national des beaux-arts du Québec et le Musée des beaux-arts de Montréal, possédaient déjà des toiles de Raoul Barré.
J’ai pensé l’offrir à la Cinémathèque québécoise qui, au cours des années, s’intéressait de façon significative aux œuvres de mon grand-père. Bien que la collection d’œuvres dites des beaux-arts ne relève pas de son mandat, je trouvais important de lui offrir « Mme Roy » afin de boucler la boucle. À mon grand ravissement, la Cinémathèque québécoise a non seulement accepté de l’accueillir, elle a aussi mis le tableau bien en vue dans la salle Germaine-Guèvremont, en compagnie de quelques autres œuvres graphiques de Raoul Barré tirées de sa collection.
Gaspard Fauteux
noahzark
Le PASSE-TEMPS
« ôtez voTRE fille s.v.p. »
RETOUR SUR LE TABLEAU DE MARGE GALLAGHER
Église Saint-Germain-des-Prés
un autre regard
Dick Huemer
« Dick Huemer était un touche-à-tout, se souvient Disney Legend Ward Kimball. Il était animateur et j'ai adoré son animation. C'était toujours drôle ; tu te souviens du Duck in The Band Concert avec ces putains de sifflets? Il était réalisateur. C'était un homme d'histoire. Et il était un homme de séquence très important sur Fantasia. »
Richard Martin Huemer est né le 2 janvier 1898 à New York. Il a fréquenté les écoles publiques 158 à Brooklyn, Alexander Hamilton High School dans Elmsford et Morris High School dans le Bronx. Il a ensuite étudié à la National Academy of Design, à l’Institut des Beaux-Arts de Design et à l’Art Students League of New York.
Le premier emploi de Dick dans l’industrie était en tant qu’animateur au Raoul Barre Cartoon Studio en 1916. En 1923, il est devenu directeur d’animation au Max Fleischer Studio, et sept ans plus tard, il a occupé un poste similaire au Charles Mintz Studio.
Déménageant à Disney en 1933, Dick a contribué aux classiques Silly Symphonies (The Tortoise and the Hare, Funny Little Bunnies, The Grasshopper and the Ants) et Mickey Mouse Shorts (Alpine Climbers, Mickey’s Rival, Lonesome Ghosts). Il a aussi réalisé les courts métrages d’animation The Whalers et Goofy and Wilbur.
En 1978, il a reçu un prix « Annie » du groupe d’animateurs ASIFA pour ses réalisations professionnelles.
Dick Huemer est décédé le 30 novembre 1979.
BIOGRAPHIE DE MARIE-PAULE BARRÉ
Marie-Paule Barré était la nièce et la filleule de Raoul Barré ce qui favorisa chez elle un attachement profond à son oncle. Pendant qu’il vivait à New-York, elle correspondit régulièrement avec lui. Jeune fille, elle séjourna un an chez Raoul Barré à New-York et elle en garda un souvenir impérissable; elle découvrit une ville intense en activités artistiques et elle apprit l’anglais, ce qui lui fut très utile tout au long de sa carrière de secrétaire.
Née en 1906, elle était la deuxième enfant de Georges-Etienne Barré et de Paméla Turcotte. Des huit filles qui naquirent de cette union, cinq vécurent jusqu’à l’âge adulte. Propriétaire d’une quincaillerie et d’une manufacture de meubles-vitrines pour magasin, son père assura à sa famille un niveau de vie confortable mais modeste. Durant la crise de 1930, sa mère hébergea des chambreurs pour compléter le revenu familial. Les filles, dès qu’elles occupaient un travail rémunéré, versaient une pension pour contribuer au bien-être de la famille. Paule, comme ses sœurs, acquirent alors l’habitude de faire un usage prudent de l’argent.
Les quatre aînées complétèrent des études secondaires de Lettres et Sciences, ce qui était considéré, à l’époque, comme des études avancées pour les filles. Seule la cadette, Monique, put accéder à des études universitaires et devenir travailleuse sociale. Marcelle devint institutrice, Paule et Suzanne furent secrétaires et Thérèse fut infirmière, avant de compléter plus tard un bac en travail social.
Paule fut d’abord engagée par Justine de Gaspé Beaubien comme sa secrétaire et sa collaboratrice pour le projet de fondation de l’Hôpital Sainte-Justine pour enfants. Bien qu’elle fut très impliquée dans cette fonction, Paule dut quitter Montréal sur la recommandation de son médecin. Sujette à des problèmes pulmonaires, elle décida d’émigrer dans les Laurentides dont on disait que l’air y était bien meilleur pour ceux et celles dont la santé était fragile. Paule choisit de s’installer à Sainte-Adèle et elle y resta jusqu’à l’âge de 100 ans. Elle revint à Montréal pour les trois dernières années de sa vie.
Après avoir été brièvement la secrétaire de Claude-Henri Grignon qui écrivait alors le radio-roman Un Homme et son péché, Paule devint la secrétaire de Roger Roland, patron avec son frère Lucien de la Compagnie Papier Roland dont le siège social était à Mont Roland. Au moment de sa retraite en 1969, Paule avait passé 31 ans au service de la Compagnie Papier Roland.
Restée célibataire, Paule fut la première des filles Barré à prendre l’avion pour se rendre en Europe en 1950. Par la suite, elle entreprit avec ses sœurs de très nombreux voyages en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.
En plus de la fréquentation de la culture, le contact avec la nature était essentiel pour Paule. Sa résidence principale était à Sainte-Adèle, mais elle acquit successivement deux chalets plus au nord dans une nature plus sauvage, l’un près de Saint-Jovite et l’autre au lac Saint-François près de Nominingue où elle n’avait ni téléphone, ni électricité. Sauf pendant l’hiver, c’est là qu’elle passa le plus clair de son temps à partir de sa retraite.
Son oncle Raoul Barré demeura dans ses pensées tout au long de sa vie et, en tant que filleule, elle fut la gardienne des dessins, lettres et objets personnels lui ayant appartenu. Lors de l’exposition que la Cinémathèque consacra à Raoul Barré en 2004, elle fit don à la Cinémathèque de tout ce qui était en sa possession. Cette exposition et le fait que la salle principale d’exposition de la Cinémathèque porte le nom de Raoul Barré furent pour Paule Barré un grand bonheur et un accomplissement. Paule est décédée à Montréal en 2009 à l’âge de 103 ans.
Un texte de Marilyse Lapierre
MARYLISE LAPIERRE
Nièce de Paule Barré et petite-nièce de Raoul Barré, Marilyse Lapierre a obtenu un doctorat en philosophie de l’Université de Lyon (France). Professeure de philosophie au collégial pendant plus de trente ans, elle est actuellement guide au Musée des Beaux-Arts de Montréal.
raoul et antoinette barré
Photo de famille Barré Août 1902
Le 93 Saint-Michel à Paris, aujourd’hui.
au bord de la mer
Le Musée national des beaux-arts du Québec possède trois tableaux de Raoul Barré : L’Homme à la meule, La Baigneuse et Au bord de la mer.
À l’occasion de la nomination de mon père à titre de Lieutenant-gouverneur, en 1958, le MNBAQ nous a prêté ces trois tableaux qui ont garni les murs de la résidence officielle du Bois de Coulogne.
Je vous partage une photo de l’œuvre « Au bord de la mer », réalisée par mon grand-père, que nous avions placée au mur d’un de ses nombreux salons.
Le domaine du Bois de Coulogne a servi de résidence officielle aux lieutenant-gouverneurs du Québec de 1867 à 1966, année de l’incendie qui en a détruit le bâtiment principal.
LA PELEUSE DE POMMES
Il arrivait parfois que l’artiste amorce un projet ou une esquisse pour ensuite réaliser une œuvre à l’endos d’une toile. On peut supposer c’est ce que Raoul Barré a tenté au verso de La peleuse de pommes.
J’aurais bien aimé inclure La peleuse de pommes ainsi que la Femme à la cigarette dans la section beaux-arts de ce site, mais j’ai dû y renoncer étant donné la piètre qualité photographique de ces deux œuvres de mon grand-père Raoul. Je me suis donc résigné à les laisser au grenier, là où elles séjournent depuis une quinzaine d’années. Si je tenais tant à vous montrer La peleuse de pommes c’est que ce tableau est sûrement l’une des plus belles réalisations artistiques de Raoul Barré qui n’a, selon moi, que d’égale les tableaux de Madame Roy (collection de la Cinémathèque québécoise) et de L’Homme à la meule (collection du Musée national des beaux-arts du Québec).
Je garde d’excellents souvenirs de mes visites chez ma grand-maman Antoinette Barré, « Zeille » pour les intimes. Accrochée au salon, au-dessus d’un magnifique secrétaire antique, La Peleuse de pommes veillait sur nous quand, en soirée, nous écoutions les émissions populaires à la radio. Il me semble encore entendre la belle voix radiophonique d’Albert Duquesne, acteur et lecteur du bulletin de nouvelles de chez-nous.
marc renaud
Nous nous sommes connus Marc et moi au cours des années 70 alors que nous habitions tous deux dans la paroisse Notre –Dame du Foyer dans le quartier Rosseront de Montréal. Nous entretenions une relation d’affaires, et avions aussi quelques amis en commun Son épouse Monique enseignait la diction à ma fille Nathalie.
Marc et moi avions aussi un autre trait en commun. Nous avions tous deux des grand-pères artistes peintre Le grand-père de Marc, Toussaint-Xénophon Renaud (1860-1946) fut décorateur de plus de 200 églises, chapelles et couvents. Il était aussi peintre de chevalet. Marc est malheureusement décédé en mars 2021 à l’âge de 92 ans
Mon grand-père Barré était un portraitiste dans l’âme, d’ailleurs la grande majorité de ses œuvres représente des personnages sous toutes ses formes on n’a qu’à penser au tableau de Marguerite à l’âge de 18 ans, de Madame Roy ainsi que de La fille du Céleste Empire et bien d’autres.
Carte d’enregistrement, rapport du registraire
THE FAREWELL
Ce tableau de Raoul Barré, peint à Paris en 1903, fut acquis par un collectionneur américain en 2005 d’un restaurateur de Düsseldorf, en Allemagne, qui lui-même se l’était procuré d’un antiquaire allemand en 1965. On suppose que le titre de ce tableau fut inspiré par ce qui est écrit à l’endos du tableau « Der Abschied », soit Au revoir en français. Le propriétaire américain lui a donné comme nom « The Fairwell », sa traduction anglaise.
On sait que Raoul Barré est revenu à Montréal en 1902 et qu’il serait retourné à Paris plus d’une fois.
Un deuxième billet qui se trouve aussi à l’endos du tableau est, cette fois, écrit en français. Malheureusement ce billet est déchiré ce qui en rend la lecture incomplète. On y décrypte : « Loterie internationale artistique, au profit des femmes et des enfant dans les camps ».
Barré aurait-il peint et remis ce tableau à un organisme caritatif avant qu’un Allemand s’en porte acquéreur ou encore qu’il ne le vole pendant l’occupation nazie?