RAOUL BARRÉ, LA CINÉMATHÈQUE QUÉBÉCOISE… ET MOI

Un texte de Marco de Blois

En organisant la Rétrospective mondiale du cinéma d’animation, qui s’est tenue à Montréal en 1967, la Cinémathèque québécoise s’est intéressée à l’œuvre des pionniers du cinéma d’animation américain. Dans la foulée de l’événement, elle a posé des gestes concrets pour aller à la recherche de copies, sauvegarder les œuvres et documenter la carrière des réalisateurs et des artisans. Aux côtés des Winsor McCay, John Bray et les autres, il y avait bien entendu Raoul Barré.

Le travail, notamment, du critique et historien André Martin, qui travaillait de concert avec la Cinémathèque québécoise à l’époque, a mené à la publication d’une brochure, Barré l’introuvable, en 1976, probablement le premier ouvrage consacré à l’œuvre plurielle de Barré. Il y a, dans le texte d’André Martin, des erreurs factuelles, mais la contribution précieuse de l’auteur à la mise en lumière du parcours de Barré, qui était alors méconnu, est indéniable. 

Pour ma part, c’est lors de mes études en cinéma à l’Université de Montréal, en 1989, que j’apprends, en lisant l’ouvrage Cartoons de l’historien du cinéma d’animation Giannalberto Bendazzi, qu’il y avait, dans l’histoire de l’animation, un pionnier qui était montréalais et qui s’appelait Raoul Barré. Ma curiosité était piquée. Qui était donc ce mystérieux Barré, mon compatriote ? En devenant programmateur et conservateur du cinéma d’animation à la Cinémathèque québécoise en 1998, j’ai découvert l’ampleur déroutante de l’œuvre de Raoul Barré. J’emploie l’expression « ampleur déroutante » à dessein, car les créations de l’artiste englobent un nombre effarant de disciplines allant des « arts populaires » (low art) aux « arts nobles » (high art).

Barré était un véritable artiste multidisciplinaire (à l’époque, on disait un « homme de la Renaissance »). Il a échappé aux recherches monodisciplinaires, et c’est peut-être pourquoi il a été si longtemps mal connu. Heureusement, il y a aujourd’hui, chez les chercheurs et les historiens, une approche, l’intermédialité, tout à fait appropriée pour prendre la mesure de cette carrière exceptionnelle.

Quelques années plus tard, notre rencontre avec Marie-Paule Barré, nièce de Raoul, a mené à un don d’archives qui nous a permis d’enrichir nos collections. Le don de Marie-Paule Barré a mené à une exposition, À la découverte de Raoul Barré, créateur d’un siècle nouveau, qui s’est tenue à la Cinémathèque québécoise en 2004. Cette exposition, dont j’ai été le commissaire, regroupait des artefacts d’animation, des peintures, des portraits crayonnés, des reproductions de bandes dessinées, des publicités, etc. Je me remémore cette exposition avec plaisir, car je pense que mes collègues et moi avons accompli ce qui nous tenait à cœur : faire connaître et aimer Raoul Barré.

Marco de Blois

Pour lire Barré l’introuvable : https://archive.org/details/Barre_201603

1 réflexion au sujet de « RAOUL BARRÉ, LA CINÉMATHÈQUE QUÉBÉCOISE… ET MOI »

  1. Lorsque Marco de Blois m’a remis son blogue pour publication je m’attendais à un excellent texte mais son texte publié sous la rubrique “Blogue’ du site http://www.raoulbarre.ca
    dépasse largement ce dont j’étais en droit de m’attendre.
    “En devenant programmateur et conservateur du cinéma d’animation à la Cinémathèque québécoise en 1998, j’ai découvert l’ampleur déroutante de l’œuvre de Raoul Barré. “
    Ces mots deviendront intemporels et je ne serai aucunement surpris que ces paroles soient encore cités dans cent, deux cents ans. Quel belle hommage venant du programmateur et conservateur de la Cinémathèque québécoise.
    Marco je te remercie. Très sincèrement..

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